J'ai passé à trois reprises quelques jours fort agréables à Mwanza, deuxième plus grande ville de Tanzanie avec une population en forte expansion (1.2 millions, ou 2 millions si l'on inclut la zone métropolitaine). Dynamique et pleine de vie, mais sans embouteillages ni stress inutile, Mwanza se trouve actuellement à ce point d'équilibre fragile entre trop petit et trop grand, entre gros village endormi et mégalopole mondialisée et asphyxiante.
Le principal atout de la ville réside dans sa situation, sur les bords du lac Victoria (le deuxième plus grand plan d'eau douce au monde avec ses 68'800 km2 que se partagent la Tanzanie, l'Ouganda et le Kenya), où de larges collines moutonnées de blocs de granit parsèment l'horizon. Le lac et l'altitude (1'100m) assurent un climat plaisant et une végétation luxuriante.
Une ballade à travers les rues de Mwanza permet d'observer l'évolution de la ville à travers son architecture. Tout d'abord, on observe une architecture vernaculaire en périphérie, sur les belles collines jonchées de blocs de granit en équilibre : il s'agit des slums, où chacun construit sa maison comme il peut avec quelques briques et un morceau de tôle ondulée, mais sans accès à l'eau potable ou à l'évacuation des eaux usées. Bidonvilles peut-être, mais ce sont sans aucun doute les quartiers avec le plus de cachet.
Ensuite on remarque les élégants bâtiments d'inspiration indienne, construits dans les années 50 pendant le protectorat britannique. Ils sont d'ailleurs souvent encore occupés par la riche élite économique indienne qui possède la plupart des commerces et industries. On trouve ici de véritables joyaux - à mes yeux de profanes... - contrairement à Dar Es Salaam où ils disparaissent à vitesse accélérée pour faire place à de grands cubes quelconques.
Enfin, on entre dans la phase contemporaine, marquée par de hauts immeubles de bureaux prétentieux, sans caractère puisque pâle copie des extravagances de Beijing ou de Dubai, nécessitant une climatisation permanente dans un pays qui souffre de coupures de courant journalières, mais fierté de la classe moyenne qui y voit un signe de modernité.
Alors, progrès ou régression?
Les très pittoresques "bidonvilles" de Mwanza
Architecture indienne datant de l'époque coloniale
Moderne, banal? Easy riders du terroir
A l'occasion de ces séjours, nous avons organisé une série de formations dans plusieurs villages des environs. Pour moi, c'est surtout l'occasion de découvrir la vie rurale et de fournir un spectacle comique aux nombreux watoto (les enfants) : en effet ce n'est pas tous les jours qu'un mzungu (un blanc) débarque dans le coin!
Une invasion de watoto