Noël en Chine, c'est l'occasion d'échapper aux touristes et aux dindes au marron. Tout juste si le Nouvel An chinois, programmé vers début février, commence à se préparer. Nous mettons le cap sur le Sichuan, avec un passage obligé par Chengdu, ville tentaculaire d'environ dix millions d'habitants (à peu près la 7ème ville chinoise, mais tout change si vite ici...).
Les guides touristiques disent de Chengdu qu'il n'y a pas grand-chose à y voir. Les Chinois vantent au contraire le climat agréable et le mode de vie décontracté de ses habitants, qui savent profiter de la vie dans les maisons de thé. Nous nous rangeons du côté de la majorité (elle pèse environ 1'350'000'000 d'individus de nos jours, contre à peine une poignée de guides de voyage...) et passons quelques jours fort intéressants à arpenter les boulevards et les parcs de cette ville gigantesque.
Sur les rives de la rivière Jin, en plein centre de Chengdu
Modernité arrogante et parcs paisibles alternent avec une certaine réussite
Les tours poussent comme des champignons
Il émane effectivement quelque chose de paisible de la capitale officieuse de l'ouest chinois, peut-être dû au plan aéré de la ville : rues très larges, trames vertes réservées aux piétons sur les berges de la rivière, parcs généreux.
Le calme s'arrête là. Chengdu vit en plein boom depuis la Go West Campaign initiée au début des années 2000, un vaste programme d'investissement du gouvernement chinois visant à développer l'arrière-pays et lui permettre d'atteindre les mêmes niveaux de prospérité que les zones côtières.
Lors de ma première visite en 2002, la ville avait encore un petit air de tiers monde, avec ses marchés à même la rue et ses cohortes de cyclistes. La physionomie de la ville a totalement changé en douze ans. Mao trône toujours sur la place centrale, mais qu'il semble petit au milieu de la forêt de tours brillantes! Les autoroutes et périphériques irriguent la ville d'Audi, BMW et Porsche Cayenne. Les cyclistes ont disparu. Ils se sont probablement transformés en classe moyenne affluente, clients des malls commerciaux où les marques internationales cotoient les produits chinois aux prix en ascension vertigineuse.
Loin de moi l'idée de véhiculer une image nostalgique du passé. Certes un certain charme indéfinissable a disparu, mais en contrepartie la ville a gagné en salubrité et le trafic s'écoule presque sans heurt grâce à la construction de lignes de métro dernier cri. Les gratte-ciels se disposent harmonieusement aux abords de la rivière et créent un paysage urbain de qualité.
Les Chinois s'approprient la rue
Art moderne et partie de badminton improvisée
Café dans un bar branché - Huoguo ("fondue chinoise") relevé par quelques centaines de piments
Une Chine plus traditionnelle, conforme aux clichés des guides touristiques, existe cependant encore derrière les néons des boulevards. Quelques pas mènent à des petits restaurants pas chers où de petites tables se massent autour d'un wok et de son cuisinier, presque à même la rue; les temples bouddhistes et taoïstes accueillent fidèles, curieux et touristes au mileu de parcs ombrageux; les vieux discutent ou font du tai-chi au bord de la rivière, réchauffés par le soleil qui perce le brouillard hivernal.
Qingyang Gong, temple taoïste
Dragons et tai-chi en plein air
Chengdu, à l'image de la Chine, regorge de contrastes saisissants : riches et pauvres, infrastructures rutilantes et vendeurs de rue, occidentalisation apparente mais pays continent où l'on ne parle que le Chinois.
Armés de ces premières impressions et d'un peu de mandarin remémoré au pas de charge, nous quittons les conforts de la grande ville pour les montagnes de l'ouest...
La rivière en version nocturne
Jeux de lumière, pas de limites!