A bien des aspects, Campo Imperatore* mène la liste des stupéfiantes beautés naturelle des Abruzzes. Ce haut plateau battu par les vents, situé à une altitude moyenne de 1'800m, prend des airs d'Asie centrale ou de Tibet sans qu'il faille se rendre coupable d'une imagination trop débridée.

Au Moyen Âge, de colossaux troupeaux de moutons y faisaient halte sur la route de la transhumance, assurant la richesse de bourgs fortifiés haut perchés. Aujourd'hui en grande partie victimes de l'exode rural, ces villages de montagnes se sont parés du charme de l'abandon.

Mais ce qui rend Campo Imperatore à nul autre pareil, c'est d'être adossé à un véritable géant, le Gran Sasso. Patriarche des Appénins, il culmine à 2'912 m - ceci à un jet de pierre de l'Adriatique. Le massif du même nom peut se targuer de parois géantes atteignant les 1'400 m de haut, recèle en son sein le glacier le plus méridional d'Europe et alterne avec bonheur le franc rocher dolomitique cher aux grimpeurs et les étendues déchiquetées où bien souvent l'on ne croise âme qui vive.

*Campo Imperatore doit son nom à l'empereur du Saint-Empire romain germanique Frédéric II de Souabe.

Campo Imperatore

L'érosion : un acteur majeur à Campo Imperatore

Le village de Capestrano

Trois vues de Castel del Monte

Rocca Calascio, la forteresse en ruine qui surveille Campo Imperatore

Un "dinosaure" de neige en escaladant le Monte Prena (2'561 m) aux formes si tourmentées

Pizzo Cefalone (2'533 m), Monte Corvo (2'623 m), Pizzo d'Intermesoli (2635 m)

La Valle Verzasca, c'est la nature qui donne une leçon de scuplture à l'homme. D'ailleurs, celui-ci s'agglutine par cars entiers aux abords des splendides vasques de la rivière, à conditions que le soleil brille et que la marche ne dépasse pas quelques minutes.

Heureusement, les vallées latérales grimpent dru. La dénivellation importante a tôt fait d'opérer une sélection salutaire. C'est ainsi que nous pouvons profiter en toute quiétude des eaux tourbillonnantes des torrents de montagne et des vastes forêts de feuillus qui viennent de retrouver le vert printanier.

Haut perché au-dessus de la vallée, l'alpage d'Eos nous réserve une nuit mémorable toute proche du ciel.

Lavertezzo                                                Valle Verzasca

Val Carecchio                                           L'alpage d'Eos

Des salamandres tachetées (salamandra salamandra)

Dans les profondes forêts de feuillus du Tessin

Sauvage, le val Carecchio!

Avec ses 2'759 m, la Dent de Barme constitue le bastion oriental des Dents Blanches, haut lieu du ski-alpinisme situé entre France et Suisse. Cachées tout au fond du Val-d'Illiez, ces Dents Blanches en imposent moins que leurs voisines les Dents du Midi. Elles se rattrapent par contre par un plus grand nombre de raides couloirs à parcourir lattes aux pieds.

Nous faisons une halte nocturne à la cabane de Susanfe, avant de remonter aux premières lueurs du jour la rampe sud-est de la Dent de Barme. La descente est un morceau d'antologie : neige à peine revenue sur la rampe, poudreuse profonde dans le Grand Couloir de Barme orienté plein nord. Même l'énorme avalanche qui a ravagé le bas de couloir n'arrive pas à gâcher l'extraordinaire ambiance qui règne dans ce boyau tapi entre de hautes falaises.

La Haute-Cime des Dents du Midi (3'257 m)             La Dent de Barme avec son évidente rampe sud-est

Sous le Mont Sagerou                                                                                                        Presqu'au sommet

Le Grand Couloir de Barme en grosse poudre

Belle ambiance entre les hautes parois du couloir

Avalanche géante                                   Le Grand Couloir entre la Dent de Bonavau et la Tête à Vincent

Il faut parfois savoir chercher l'aventure au coin de la rue! Les ruisseaux de la région s'adaptent parfaitement à cet impératif. Un rapide coup d'oeil à la carte au 1:25'000 révèle de nombreux petits canyons boisés, où les eaux ont creusé la molasse tendre et empêchent un accès aisé. Malgré la proximité de routes, fermes ou autres villages, celui qui se hasarde dans ces lieux se retrouve instantanément plongé dans un monde parallèle : les troncs moussus s'enchevêtrent en travers du cours d'eau et rendent la progression difficile, les raides falaises tamisent la lumière et coupent tout bruit extérieur, les hasards topographiques dévoilent chaque cent mètres une nouvelle scène. Si ce n'étaient les traces usuelles de civilisation - vieux pneus en décomposition, bidons d'engrais déchiquetés - on pourrait se croire dans une jungle lointaine.

Un affluent de la Cerjaule, derrière le village de Lucens, m'a offert ce genre d'ambiances, avec la "découverte" inattendue d'une grande chute d'eau comme point d'orgue d'un après-midi passé les pieds dans l'eau.

La Dent de Brenleire et la Dent de Folliéran constituent l'image classique des Préalpes fribourgeoises. Pour reprendre le Guide des Préalpes fribourgeoises, "leur façade occidentale est un morceau d'architecture alpine des plus réussis". Unies dans leur interminable et patiente lutte contre les éléments, les deux montagnes tirent une partie de leur aura de leur complémentarité. Là où Folliéran se montre svelte et élancée, Brenleire affirme sa puissance et sa force.

Venues les premières neiges de l'automne, il vous faut vite ressortir piolets et crampons pour parcourir leurs arêtes de rocher branlant et leurs faces aux mottes gelées. Les bouquetins seront à coup sûr votre seule compagnie. La traversée est une classique de choix, alors que l'arête nord-ouest de Folliéran ou l'arête nord-est de Brenleire vous réserverons quelques sueurs froides avec leurs "piles d'assiettes".

Brenleire (2'353.2 m) et Folliéran (2'339.7 m)

Quelle élégance!                                                                           Le Vanil Noir (2'388.9 m), point culminant du canton

Brenleire et Folliéran drapées des couleurs du couchant