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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 09:12

Après l'Afrique, destination l'Himalaya bouddhiste. Je pédale sur les pistes du Zanskar puis du Ladakh, en compagnie de mon paternel, toujours bien en forme du haut de ses 67 ans.

Ancien royaume niché au fond de profondes vallées érodées, au nord de la chaîne principale de l'Himalaya, le Zanskar possède cette rare faculté de stimuler l'imagination à la seule évocation de son nom. Le Zanskar fait partie de l'Etat indien du Jammu et Cachemire. Il appartient par contre clairement à la sphère d'influence de la culture tibétaine, que ce soit en matière religieuse (le bouddhisme tibétain), architecturale ou linguistique. Heureusement, l'Inde est une démocratie qui respecte, bon an mal an, la diversité culturelle, contrairement à la Chine voisine où la seule politique reste celle de l'assimilation à la culture dominante - Han chinoise - par la force et la destruction s'il le faut.

Quel bonheur que de pédaler à nouveau sur le toit du monde! Par contre la mémoire possède la capacité de ne se rappeler que du meilleur. Nous sommes vite ramenés à la réalité par l'air raréfié de la haute altitude, l'état catastrophique des pistes et le poids considérable de notre chargement. Chaque jour il faut se battre pour parcourir soixante misérables kilomètres, puis monter la tente et se cuisiner un frugal repas, avant de sombrer dans le sommeil de la brute. Malgré tout, je n'échangerais ces fatigues contre rien au monde, tant la beauté étherée des hautes terres comble l'esprit qui la contemple.

Sur la route du Zanskar, en passant le Pentse La et ses 4'400 m

Zanskar 01

Nos montures, ainsi que des camions bariolés sur la "route" du Zanskar

Zanskar 02  Zanskar 03

Serge, bien en forme sur la rude piste du Zanskar

Zanskar 04  Zanskar 05

Relié au reste du monde depuis moins de 30 ans par une piste à peine carrossable (je l'ai appris à mes dépens...), ceci uniquement sept mois par année, le Zanskar - tout comme la culture tibétaine de manière générale - a su élaborer un mode de vie auto-suffisant, presque autarcique, qui tient du miracle tant l'environnement de ces hautes montagnes se montre rude : froid, sécheresse, manque de terres arables. L'irrigation de minuscules parcelles et la parcimonie dans l'utilisation des ressources ont permis cet exploit.

Paradoxalement, c'est aujourd'hui où la modernité risque de bouleverser irréversiblement l'équilibre de cette société, que ses enseignements en matière d'écologie et d'adaptation au milieu naturel se montrent si nécessaires au reste du monde.

C'est actuellement la fin des moissons. Tous les travaux, que ce soit la moisson ou le transport du fourrage, s'effectuent à la main. L'échelle réduite des champs crée une mosaïque colorée, qui produit un contraste saisissant avec les rudes pentes minérales alentour. Certes, ces travaux semblent durs, d'un autre âge, et pourtant il reste difficile de ne pas idéaliser cette Arcadie himalayenne.

La plaine du Zanskar, puis deux villages perdus dans un paysage minéral

Zanskar 06  Zanskar 07

C'est la période des moissons, effectuées à la main

Zanskar 08  Zanskar 09

Le village de Mulbeg dans le bas Ladakh, véritable oasis dans le désert

Zanskar 10

Comment définir le paysage du Zanskar? Démesure et minéralité me viennent à l'esprit.

Démesure, car l'échelle de ces montagnes arides, de ces ciels moutonnés par les nuages blancs, dépasse l'entendement humain. L'homme n'est ici qu'un invité qui se façonne de modestes lieux de vie, aux pieds des géants himalayens, à mi-chemin entre l'infini du ciel et l'abîme d'une gorge.

Minéralité, car là où l'homme n'a pas entrepris ses travaux d'irrigation, ce sont les tons bruns ou gris de la roche, illuminés ou ombrés par le jeu du soleil et des nuages, qui s'imposent à perte de vue. Tout ici est rocher, sable, éboulis, promontoires déchiquetés ou arêtes montant à l'assaut du ciel.

Rangdum, petit village du Zanskar perdu au milieu de l'immensité des montagnes

Zanskar 12

Tours de granit, puis les gorges de la rivière Tsarap

Zanskar 11  Zanskar 13

Ocres, beiges et gris dominent la palette de couleurs du Zanskar

Zanskar 14

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 13:07

Huit mois en Afrique viennent de s'achever. Une expérience riche, qui nous a changés, nous a bousculés et a modifié notre perception de ce vaste continent et de nous-mêmes.

Huit mois parsemés de frustrations, de déceptions, d'incompréhensions, car des problèmes comme la corruption, la désorganisation, la faim existent bel et bien.

Mais aussi et surtout huit mois de découvertes et de bonheur, car l'Afrique c'est plus de cinquante pays, avec une diversité énorme, une richesse culturelle à nulle autre pareille; des gens qui savent être heureux avec rien, se soutenir mutuellement et se tourner vers l'avenir avec optimisme; en résumé, un continent plus heureux qu'on veut bien le croire, trop riche pour rester éternellement à la traîne - l'Afrique connaît d'ailleurs une croissance vigoureuse depuis quelques années alors que l'Occident stagne - et avec un potentiel et un dynamisme énormes qui ne demandent qu'à se réaliser.

Sachons voir l'Afrique autrement, comme une terre d'opportunité et d'avenir.

Quelques photos du Malawi et du sud de la Tanzanie

Mt Chambe

Malawi 06

Quatre aventuriers

Malawi 04

Aïe le Mt Mulanje...                                 Champs de thé à Tukuyu

Malawi 05  Malawi 03

Levé de soleil sur le lac Malawi

Malawi 02

Parc national de Ruaha et ses nombreux habitants

Malawi 08  Malawi 07

Malawi 13  Malawi 09

Malawi 11  Malawi 12

Un bus haut en couleur                                                               Un indigène

Malawi 14  Malawi 15

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 14:43

Les montagnes du Rwenzori, à quelques kilomètres seulement de l'équateur, sont drapées dans le mythe. Ptolémée, 150 ans avant Jésus Christ, mentionne déjà leur existence en les nommant Montagnes de la Lune et en en faisant les sources du Nil.

Mais il faut attendre 1889 pour que le premier explorateur occidental, Henry Morton Stanley (le Stanley qui prononça le fameux "Docteur Livingstone, je présume") puisse les apercevoir et confirme la présence de grands glaciers en zone équatoriale, chose retenue impossible par les géographes de l'époque.

L'exploration systématique du massif et l'ascenscion des principaux sommets est effectuée en 1906 par une expédition italienne menée par le Duc des Abruzzes, grand explorateur devant l'éternel. En fait aussi partie Vittorio Sella, largement reconnu comme l'un des meilleurs photographes de montagne de tous les temps, qui nous a légué un héritage inestimable : en effet ces glaciers légendaires fondent inexorablement et se trouvent désormais bien loin de leur magnificence du siècle passé, immortalisée par le photographe de Biella.

Enock's falls                                                                                   Mt Stanley, Alexandra et Margherita (5'109 m) 

Rwenzori 01  Rwenzori 02

Le Mt Stanley avec ses glaciers en voie de disparition

Rwenzori 06

Le Mt Baker (4'843 m)                                                   Rwenzori, paradis des lacs

Rwenzori 04  Rwenzori 05

Mt Luigi di Savoia (4'626 m)

Rwenzori 03

Tant de merveilles géographiques et tant de noms de légende m'attirent vers l'Ouganda. En 12 jours, je parcours en long et en large le parc national du Rwenzori, accompagné de huit porteurs et de deux guides (expédition aux proportions presque dignes du siècle passé!). Rapides, nous avalons les étapes le matin pour éviter les pluies qui tombent avec régularité durant l'après-midi. Rwenzori signifie en effet "faiseur de pluie", un nom plus que mérité au vu des trois mètres de précipitations annuelles.

Les ascensions se révèlent plutôt faciles, sur du granit solide et sur ces fameux glaciers, bien gelés après des nuits claires. Je ne résiste pas au plaisir de citer les noms des sommets gravis, qui honorent explorateurs et membres de familles royales européennes dans la plus pure tradition du XIXème siècle :

- Mt Luigi di Savoia, pointe Weismann (4'620 m)

- Mt Baker, pointe Edward (4'843 m)

- Mt Stanley, pointe Margherita (5'109 m) - sans oublier de mettre un pied de l'autre côté de la frontière, au Congo!

- Mt Speke, pointe Vittorio Emanuele (4'890 m)

Je passe de très bons moments avec mon équipe. Nous discutons de tout et de rien, politique, ethnies de l'Ouganda, femmes bien sûr! Les porteurs sont des paysans qui profitent de gagner un peu de cash à l'occasion. Les guides quant à eux excercent professionnellement et ont été formés par des guides de montagnes norvégiens et allemands : ils me font une belle impression de sérieux. Mention particulière à Green, l'aide de cuisine de 17 ans qui vient gagner de quoi payer les frais de scolarité du collège qu'il fréquente! (Honte à moi quand je pense à la motivation scolaire que j'avais à son âge...). Tous possèdent une condition physique impressionnante et semblent tout étonnés de me voir les suivre (avec peine, haletant et pantelant, et avec un bien plus léger chargement qu'eux).

Mes guides, Samuel et Enock                                                                                           Sieste au pied du glacier

Rwenzori 07  Rwenzori 09

Sur les glaciers du Mt Stanley

Rwenzori 10  Rwenzori 08

Photo de groupe                                                                           Sur le glacier du Mt Speke

Rwenzori 11  Rwenzori 13

Mais le vrai trésor du Rwenzori, ce qui fait de ce massif un joyau à nul autre pareil, c'est sa flore dopée par les précipitations abondantes. Au-dessus de 3'500 mètres, les lobelias et les séneçons géants prolifèrent, prenant un aspect spectral quand la brume les entoure.

Ces plantes constituent la particularité des montagnes de l'Afrique de l'Est et c'est au Rwenzori qu'elles atteignent l'apogée de leur exubérance.

Lobelias géantes

Rwenzori 18  Rwenzori 19

Séneçons géants

Rwenzori 17  Rwenzori 14

Humide, le Rwenzori...

Rwenzori 16  Rwenzori 15

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 07:57

Le vélo reste le moyen de locomotion des masses en Tanzanie. Il sert aussi à transporter toutes sortes de marchandises, des poulets vivants en passant par les sacs de céréales et en finissant par les énormes chargements de charbon.

Bien sûr les 4x4 sont en augmentation notable, généralement conduits de manière plutôt incompétente et avec le plus grand mépris pour la vie des dits cyclistes ou des piétons : forcément, la taille du véhicule situe son possesseur dans l'échelle sociale... Il faut admettre que les victimes potentielles ne brillent pas non plus par leur connaissance des règles de la circulation!

Nous nous sommes totalement adaptés à la culture locale puisque nous avons utilisé notre bicyclette quotidiennement, soit pour nous rendre au travail, soit pour le simple plaisir de parcourir les pistes et de transpirer sous le chaud soleil équatorial. Autant dire que nous offrons un spectacle original aux Tanzaniens, plus habitués à voir les wazungu confortablement assis dans un gros Landcruiser.

Si le concept de faire du sport pour le plaisir reste étranger à la plupart des Tanzaniens, qui triment déjà assez dur pour s'assurer une maigre subsistence, une petite minorité commence à s'y adonner avec enthousiasme. Il y a maintenant un club de vélo à Dodoma, et je peux témoigner que ses membres roulent très, très vite (tout ça sans vélo carbone à plusieurs milliers de francs...).  Mais le sommet de l'humiliation reste de se faire dépasser, à l'entraînement, par un marchand monté sur une épave grinçante et pressé de livrer sa volumineuse marchandise à ses clients!

Cyclistes dans les rues de Dodoma

Velo 01

Le vélo, moyen numéro un de transport des marchandises!

Velo 02  Velo 03

Solide, design intemporel                     Là où il y a de la place pour un, il y a de la place pour deux

Velo 04  Velo 05

Couleurs assorties                                                                       Une mzungu à vélo

Velo 06  Velo 07 

Vélo et daladala (minibus rempli à ras-bord) : moyens de transport des pauvres, ce qui n'empêche pas le second de menacer régulièrement la vie des pilotes du premier!

Velo 08

 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 10:39

Dodoma souffre d'une bien mauvaise réputation. En voyage, lorsque nous révélons à nos interlocuteurs tanzaniens que nous y vivons, un pole sana ("désolé") spontané surgit de leur bouche. En effet, la ville cumule les malheurs : capitale fantôche puisque les parlementaires y passent en éclair avant de repartir sur la côte et qu'aucun ministère n'a daigné s'y installer; climat sec, poussiéreux et venteux; vie nocturne ou culturelle apathiques.

Malgré tout, nous nous sommes attachés à notre ville, découvrant petit-à-petit des endroits dignes d'intérêt qu'un oeil pressé négligerait et jouissant du calme, de l'absence de touristes. L'austère paysage des alentours, fait de plaines couvertes d'épineux et de gigantesques blocs de granit, a marqué sa présence lentement et inconsciemment mais d'autant plus fortement dans notre esprit. A bien des égards, c'est la vraie Afrique, celle des plateaux semi-arides, aux sols rouges, érodés, balayés par le vent sec, un paysage immémorial puisque ces roches rougeâtres affichent un milliard cinq cents millions d'années au compteur.

Un long séjour permet d'apprécier un pays autrement. Tel bâtiment peinturluré de slogans publicitaires, ignoré pendant des mois, se révèle soudain avec le soleil couchant. La longue allée bordée de grands arbres que nous parcourons matins et soirs pour nous rendre au travail devient l'occasion d'observer les pendulaires, en Toyota Landcruiser V8 pour les ministres, à pied ou à vélo pour le commun des mortels.

Le long de la rue principale de Dodoma

Dodoma 01  Dodoma 02

Dodoma 17  Dodoma 03

Notre bureau...                                                                             et notre appartement

Dodoma 12  Dodoma 13

Les plaisirs de la table, à ne pas négliger pour garder le moral et la mine réjouie!

Dodoma 04  Dodoma 07

Dodoma 06  Dodoma 05

Le lien avec le paysage, sa connaissance intime, se développe lors des sorties à vélo ou à la course. C'est aussi l'occasion d'observer du coin de l'oeil la vie des villages traversés, leurs enfants rendus hystériques par l'excitation et qui s'époumonent à notre passage (mzungu! mzungu! mzungu!), l'épuisant travail des femmes ou des jeunes pour se procurer l'eau en creusant le lit à sec des rivières.

Ces impressions quotidiennes, négligées par la force des choses lors de brèves vacances, remontent lentement à la surface de notre perception et trament la toile d'une connaissance approfondie du pays. Elles ne tarderont pas à nous manquer.

Blocs héroïques, collines érodées, épineux roussis par le soleil

Dodoma 15

Dodoma 14  Dodoma 16

Musique traditionnelle de l'éthnie Gogo et spectacle d'acrobaties

Dodoma 08  Dodoma 09

Dodoma 10  Dodoma 11 

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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 18:30

Le parc national de Tarangire protège la modique surface de 2'850 km2. En son milieu coule la rivière Tarangire, ligne de vie où se concentrent les animaux du parc au fur et à mesure que la saison sèche avance et que les conditions se font inhospitalières ailleurs. Les baobabs géants prennent un petit air démoniaque, puisque selon la légende, Dieu se serait lassé de leurs déplacements incessants et les aurait replantés à l'envers pour les punir, raison pour laquelle ils semblent avoir des racines à la place des branches. Les acacias quant à eux composent l'arrière-plan classique de la savane est-africaine.

Les marais alimentant la rivière Tarangire

Tarangire 01

Baobab                                                                                           La rivière Tarangire

Tarangire 03  Tarangire 02

Près de 3'000 éléphants se massent sur le territoire du parc. Tarangire possède ainsi une des plus hautes densités d'éléphants au monde et nous en profitons amplement. Après deux jours passés à arpenter le parc, nous avons la nette impression d'avoir vu une bonne moitié de ces charismatiques pachydermes.

La plupart des éléphants se déplacent en troupeaux, assemblés autour d'une matriarche expérimentée qui saura trouver les derniers points d'eau ou éviter les dangers imprévus. Les mâles de leur côté mènent une vie solitaire. Ils peuvent dépasser les 6 tonnes dans leur vieilliesse (la croissance ne s'arrête qu'à la mort chez les éléphants et ils peuvent atteindre 60 ans s'ils ont déjoué les pièges de la brousse, et en particulier le fusil des braconniers!). Nous saisissons tout le sens de ces chiffres lorsque un vieux mâle cabossé par la vie nous bloque le chemin, dépassant de beaucoup en taille et en poids notre pourtant massive Land Rover.

Eléphants : toute la panoplie, du petit chenapan au vieux mâle de plus de six tonnes!

Tarangire 05

Tarangire 09  Tarangire 07

Tarangire 08  Tarangire 06

Les herbes sont encore hautes en juin, début de la saison sèche, rendant l'observation des grands prédateurs très aléatoire. Nous nous rabattons donc sur la gent ailée, forte de 500 espèces hautes en couleur et bien peu farouches : un régal à photographier!

Un rollier à longs brins (hum le bon snack!)                          Un choucador superbe (quel nom!) 

Tarangire 10  Tarangire 11

Un calao à bec rouge                                                                   Une huppe fasciée

Tarangire 12  Tarangire 13

Un dik-dik, la plus petite des antilopes                                    Un waterbuck, grosse antilope 

Tarangire 14  Tarangire 15

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 07:52

Traditionnellement, les familles tanzaniennes possèdent quelques poulets qui se procurent tant bien que mal leur nourriture en farfouillant autour de la maison : ils sont donc maigres, souvent malades, parfois croqués par un prédateur de passage, mais le petit revenu qui en découle reste le bienvenu.

Je me trouvais sur le terrain la semaine passée pour récolter des informations sur l'avancement d'un projet promouvant au contraire l'élevage de poulets de manière commerciale. Il s'agit d'augmenter le revenu des femmes qui gèrent d'habitude la basse-cour. Les femmes se montrent bien sûr aussi très actives dans d'autres secteurs agricoles, mais les hommes prennent alors toutes les decisions et encaissent le produit de la vente. La promotion économique des femmes est une priorité des programmes de développement et va plus loin qu'un seul souci d'équité : elles ont tendance à investir leurs revenus pour l'éducation des enfants ou afin d'améliorer l'alimentation du foyer, alors que les hommes préfèrent dépenser en boissons intoxicantes ou en jolies maîtresses (ok, je force un peu le trait, il y a des exceptions...).  

Les investissement nécessaires pour une production plus efficace se révèlent modestes et les perspectives économiques réjouissantes puisque la demande est forte : le poulet remporte les faveurs de tous les palais tanzaniens. Le projet vise à organiser les producteurs (les hommes sont aussi admis...) en groupes, à les former aux techniques modernes d'élevage et à les specialiser dans une activité de support, par exemple la vaccination.

Je vous présente ci-dessous, in English pour cause de paresse, l'histoire d'une femme dont la vie a changé grâce à ce projet.

Un workshop dans une classe de village 

Bariadi 04  Bariadi 03

Concentration maximale                                                             Une pause bien meritée

Bariadi 02  Bariadi 01

Improved poultry keeping changes lives in Tanzania

Mariam Paul, 50, is a farmer in Sanjaranda, Manyoni district, Tanzania. Together with her husband she grows maize for subsistence and selling as well as sunflower and chicken for cash. While not the poorest in her village, Mariam was often short of cash when school fees were due or when an unforeseen occurrence happened. Money was always a worry and investment in new business ventures was not an option.

All this changed in 2009 when RLDC introduced an improved poultry keeping model in her village with the aim of empowering women. The idea was to promote the rearing of chickens has a business venture by forming a producers' group with specialised sub-tasks. Traditionally a women's task, rearing chickens efficiently requires low investment and can improve livelihoods markedly.

After getting training on chicken rearing and having vaccinated her chicken thanks to the help of dedicated members of the group, she experienced fewer deaths in her flock. She then built an improved pen that protects her chicken against theft or predators and allows her to provide supplementary fedding to her chicken instead of letting them get their food only out of scavenging. As a result, she now keeps 35 chickens (compared to less than 20 before) which are heavier, healthier and lay more eggs.

She currently makes an income of 360'000 TZS (216 CHF) a year from chicken keeping, three times more than before the project started. This is a noticeable increase as the total income of her family reaches slightly less than 2 millions TZS a year (1'200 CHF).

With the money, she invested in a cow in 2010 which supplies her children with milk. In 2011 she bought furniture for her living room. Now she is planning to send her three small children to secondary school whereas her three adult children could only attend primary school.

Perhaps more importantly, she feels proud of herself and has now a way of solving financial problems when they arise. In addition she has gained more respect from her husband and neighbours who ask her for advice about rearing chicken. This success story is bound to have a legacy as she shares the improved way of rearing chickens with her children and acquaintances.

Madame Mariam Paul devant sa maison

Bariadi 06  Bariadi 07

Deux beaux poulaillers construits en matériaux locaux

Bariadi 05  Bariadi 08

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 08:33

Surplombant Arusha de ses 4'566 mètres, le Mont Meru trône au deuxième rang des sommets tanzaniens (précédé par le Kilimanjaro) et au cinquième rang des sommets du continent africain. Tous ces chiffres semblent dénués de sens quand on se trouve au pied de ce volcan inactif, tant sa beauté en impose. Du côté d'Arusha, il présente le cône volcanique classique. L'autre versant montre les ravage consécutifs à l'énorme explosion qui survint il y a 250'000 ans et arracha toute la partie est du cratère, enlevant presque 1'500 mètres de hauteur à la montagne. En conséquence, le cratère actuel se trouve en contrebas du sommet, protégé par la haute muraille du Meru.

L'ascension nécessite trois jours et se déroule en intégralité à l'intérieur du Parc National d'Arusha. Nous devons donc suivre un ranger armé qui doit nous protéger de la charge des buffles. Heureusement, ceux-ci se tiennent tranquilles, tout comme les girafes que nous croisons.

Comme souvent en Tanzanie, la flore constitue le véritable point d'orgue de la balade. Nous traversons toutes les zones climatiques de la forêt tropicale et restons surtout impressionnés par les énormes arbres drapés de mousse que l'on trouve entre 2'500 et 3'000 mètres d'altitiude, puis par les forêts rabougries à l'allure étrangement irréelle, composée de sénançons géants ou de gracieux lobelias, qui montent à l'assaut des pentes jusqu'à environ 3'700 mètres d'altitude.

Le Mont Meru au soleil, le cratère dans l'ombre

Mt Meru 01

Du calme les buffles!                                                                  

Mt Meru 02  Mt Meru 03

Dans la forêt moussue

Mt Meru 05  Mt Meru 04

Il y a peu de monde en mai, et pourtant nous sommes loin d'être seuls dans les confortables refuges de montagnes. Six touristes nécessitent en effet une quantité prodigieuse de guides, porteurs et cuisiniers sans lesquels il semble tout simplement impossible qu'un mzungu atteigne le sommet (d'ailleurs ce serait illégal). Le nombre de ces aides dépendant du budget investi, nous en avons trois. Le compte monte à cinq et neuf dans les deux autres groupes, reflétant le supplément de dollars déboursés. La prestation elle reste plus ou moins la même puisque les besoins ne peuvent être infinis lorsque l'on passe sa journée à marcher!

Cette débauche de moyens et d'argent est caractéristique du tourisme en Tanzanie. Ceci s'explique d'abord par le type de touristes qu'attire en majorité le pays, à savoir des gens plutôt voir tout à fait riches, qui pratiquent des activités coûteuses comme le safari animalier et n'hésitent pas à payer jusqu'à 1'000 dollars par nuit pour séjourner dans de luxueuses lodges au charme colonial (comme le déclame la publicité...). En comparaison, payer 50 ou 100 dollars pour une journée de marche semble une bagatelle. Ceci renforce encore le stéréotype hérité du colonialisme, selon lequel le blanc serait toujours très riche et se ferait servir en tout par une pléthore d'aides. Aucun Tanzanien ne comprendrait le plaisir que pourrait avoir un riche à porter soi-même son sac (d'ailleurs pourquoi marche-t-il s'il peut se payer une voiture?).

Ceci ne constitue en rien une critique. Je comprends très bien qu'un pays très pauvre traille au maximum une de ses vaches à lait (il y a encore les mines et l'aide au développement). Il s'agit plutôt d'un avertissement pour les bourses dégarnies ou les amoureux de solitude : à moins de renoncer aux grands animaux et aux montagnes recouvertes de jungle, la Tanzanie n'est pas pour vous...

Le cratère                                                                                        Etranges lobelias

Mt Meru 06  Mt Meru 07

La forêt au-dessus de 3'500 mètres

Mt Meru 08  Mt Meru 09

Le Kilimanjaro émerge des brumes, 5'000 mètres au-dessus de la plein environnante

Mt Meru 10

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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 13:02

Nous poursuivons notre exploration des montagnes de l'Arc oriental de Tanzanie, haut lieu de la biodiversité et paradis du randonneur. Tout d'abord nous visitons les Monts Pare, situées à une encablure du Kilimandjaro. Nous déambulons à travers petits villages, restes de forêts tropicales et cultures de bananiers ou de gingembre, à la recherche des imposantes chutes de Thornton. Notre guide, un peu rondelette et clairement à court d'entraînement, nous annonce l'impossibilité d'atteindre le pied de la chute d'eau, surtout après avoir jeté un coup d'oeil au très raide sentier qui semble y conduire. La raison avancée : big snakes!

Heureusement nous mettons la main sur Claudi, un très sympathique paysan du coin qui n'a pas peur de plonger à travers ronces et lianes et nous mène en un tour de main à destination. La remontée nous trempe tout autant que l'eau pulverisée au pied de la chute : nous dévorons donc avidement quelques bâtons de canne à sucre bien juteux. Bobi semble toutefois préférer la bière de banane locale : son flair lui permet de repérer un estaminet au milieu des champs à des kilomètres à la ronde... 

Thornton Falls, 136m de haut               Mes guides, Claudi et Bobi

Pare 02  Pare 03

Un camé                                                                                                                                La fleur du bananier

Pare 05  Pare 01

Le parc national d'Udzungwa protège la plus vaste surface de forêt encore intacte de l'Arc oriental. Les sentiers bien entretenus nous offrent une marche aisée, bien plus en tout cas que l'accès en bus qui représente le vrai défi de la visite.

Pourquoi? Parce que le bus vétuste "va partir tout de suite" et se met en route une fois archi-plein quelques heures plus tard, parce que nous expérimentons une compression maximale entre des matrones au format généreux, parce que de robustes secousses nous remettent en place la colonne vertébrale et le reste aussi : mais, Inch Allah, nous n'aurons pas d'accident puisque la compagnie se dénomme Islam! (environ deux tiers des Tanzaniens se déclarent chrétiens - catholiques, luthériens, anglicans, baptistes, coptes, évangélistes et j'en passe et des meilleures, la Tanzanie étant le terrain de chasse des missionaires de tout poil - et un tiers sont musulmans).

Nous visitons des chutes d'eau gonflées par la saison des pluies, apercevons furtivement le Colobe rouge d'Iringa, espèce de singe endémique des montagnes d'Udzungwa, ainsi que d'autres singes qui volent de branches en branches, repérons les traces des éléphants dans la jungle. Au final, c'est la diversité étonnante en papillons qui nous impressionne le plus.

Dans la forêt pluviale                                                                    Sanje Falls, 176m de haut  

Udzungwa 08  Udzungwa 01

Colobe rouge d'Iringa                            Sanje Falls, le deuxième saut

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Sanje Falls, le troisième saut

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Des papillons à profusion

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Un géant de la forêt                                                                      Deux méthodes de transport des marchandises

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 06:58

Ol Doinyo Lengai - la Montagne des Dieux en langue Maasai - est un volcan situé dans la vallée du Rift est-africain. Cette faille en plein création sépare la plaque tectonique africaine en deux nouvelles plaques. Pour résumer, la corne de l'Afrique s'éloigne lentement du reste de l'Afrique. Le Rift court de la mer rouge au nord jusqu'au Zambèze au sud, à travers l'Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie et le Malawi. Cet élément géologique majeur explique la présence de nombreux volcans dans le nord de la Tanzanie.

Ol Doinyo reste par contre le seul volcan actif de Tanzanie, avec une dernière éruption comptabilisée en 2008. Ce cône parfait qui se reflète dans les eaux alcalines du lac Natron, quelques 2'400 m plus bas, a dû produire une forte impression sur les Maasai, en tout cas assez pour qu'ils y placent leur Panthéon. En plus de cette présence divine, le volcan tire sa réputation de sa lave "froide" (environ 500 degrés quand même!) et très fluide unique au monde.

L'ascension n'est pas de tout repos. La pratique usuelle consiste à partir aux environs de minuit pour atteindre le sommet au lever du soleil et avoir terminé la descente en début de matinée, avant que la température ne devienne trop extrême dans le "four" du lac Natron. Nous passons donc notre nuit à brasser la cendre volcanique (selon le principe bien connu du "2 pas en avant, 1 pas en arrière"). Malheureusement, nous nous révélons bien trop rapides et grelottons une heure et demie en attendant l'aube, à presque 3000 m d'altitude, vaguement endormis et pas vraiment protégés du vent violent. Aux premiers rayons de soleil, nous gagnons le sommet et jetons un coup d'oeil bien merité dans le profond cratère fumant. La descente s'avère une partie de plaisir, faite de longues glissades sur la cendre et de vues incroyables sur les plis de la croûte terrestre.

Le volcan parfait                                                                                          Fatigués après une nuit d'ascension 

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Au sommet                                                                                     Inquiétant ce cratère...

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La longue descente commence...

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Les plis de la vallée du Rift

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Notre guide                                                                                     Coulée de lave datant de l'éruption de 2008

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